Aujourd'hui nous sommes le : 28/09/23.   
Le titre est pour le moins un peu ...énigmatique et ma chérie préfère que je dise "en arête de poisson". En fait les termes "moule squelette" sont la simple traduction de "squeleton mold", dispositif décrit par Andrew Carruthers sur son site
Lorsque j'ai entrepris la construction de mon deuxième violon, j'ai changé de modèle. Il me fallait donc construire un nouveau moule. Comme je n'étais pas très motivé par cette fabrication j''ai cherché des alternatives, ce qui m'a amené sur le site de Andrew Carruthers qui avait fait face à une situation analogue. En faveur de l'usage du moule squelette en lieu et place du traditionnel moule crémonais (voir au commencement). il y liste un certains nombre d'avantages qui m'ont tout de suite séduit.
J'ai donc attaqué la réalisation de mon nouveau violon avec cette méthode.
Voici mon moule squelette disposé sur la surface de travail sur laquelle est dessiné le contour du futur instrument. Ce moule, en contreplaqué de 15 mm a pu être réalisé très rapidement. Il n'y a pas eu à ajuster un contour précis parfaitement à l'équerre.
De fait, le moule ne sert que de support aux tasseaux et n'a pas de rôle de soutien des éclisses.
Je colle les tasseaux sur le moule.
Il est à noter aussi que j'ai surélevé le moule par rapport à la table d'une dizaine de mm à l'aide d'une cale (encore une autre différence par rapport à la méthode crémonaise). C'est plus pratique par la suite pour le travail sur les contre-éclisses.
Après avoir collé les tasseaux, j'utilise la même méthode que lors de la construction de mon violon précédent pour les mettre à niveau.
C'est un des rares usages que je fais de la défonceuse. Le dispositif de guidage permet à la défonceuse d' être déplacée horizontalement au dessus de l'ouvrage, de manière strictement parallèle au plateau support .C'est le même dispositif que j'ai utilisé pour surfacer mon établi. Celà permet une mise à niveau précise. Les passes en bois de bout doivent être fines et les tasseaux doivent aussi être très bien collés au moule !
En fait de mise à niveau, le dispositif me permet aussi d'ajuster à ce moment la pente qu'auront les éclisses du fait de la différence de hauteur des tasseaux: 32 mm au cordier pour 30 mm au manche. C'est fait en insérant une cale supplémentaire, à la hauteur voulue, sous le moule du coté du manche. Ainsi le déplacement horizontal de l'outil usine, en fait, une pente sur les tasseaux.
La finition des 2 cotés est faite manuellement sur la table à poncer.
Lorsque les tasseaux sont bien à niveau, il faut y dessiner le contour. C'est fait à l'aide du gabarit modèle en contreplaqué de 5 mm qui m'a aussi servi à dessiner le contour sur le plan de travail.
Les découpes sont terminées.
J'ai extrait les petits gabarits en papier d'un document de Roger Graham Hargrave sur la construction chez Guarnerius. C'est intéressant de voir qu'ils coîncident assez bien avec mon contour. Ce n'est pas anormal car j'ai justement établi ce contour sur le modèle d'un guarnerius, le "Alard" exposé à la philarmonie de Paris.
Je commence le collage des éclisses par les C.
Puis je continue pour les éclisses hautes et basses en 2 étapes. D'abord je les colle sur les tasseaux des C. Ensuite je les colle coté cordier et coté manche. Le raccord coté cordier doit être précis. J'ai taillé les contreparties, petites pièces de bois disposées entre les presse et les éclisses, dans les chutes de tasseaux de la même manière que les tasseaux eux mêmes, à la gouge.
Sur la photo suivante, un collage coté C est encore en cours de serrage. J'ai du le refaire car je l'avais collé de travers la première fois. L'assemblage avec de la colle à l'os est effectivement délicat car la prise est très rapide. Cependant si on a un peu dérapé, comme moi ici, il reste très facile, à ce stade, de décoller avec un décapeur thermique et de recoller tranquillement à la bonne position.
La bonne pratique consiste à faire un positionnement à blanc (sans colle) des éclisses, des contreparties et des presses et à dessiner alors un trait repère au crayon sur l'éclisse. Ensuite on peut remettre en place rapidement, avec la colle, à la position repérée. Ce n'est pas, en fait, beaucoup plus délicat qu'avec le moule conventionnel.
La couronne est terminée. Il reste à cintrer et coller les contre-éclisses. C'est à ce moment, lorsque vient le tour des finitions: le nettoyage des traces de colle et la taille de l'intérieur des contre éclisses...que l'on apprécie particulièrement le concept du moule squelette!
Il donne vraiment de l'accessibilité et, ce, des deux cotés.
En conclusion, l'essayer c'est l'adopter !
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